Cartes marines anciennes et voyages de découverte



     Il est ici question de cartes.  De cartes géographiques anciennes. Des cartes qui reflètent l'histoire, celle de la connaissance du monde comme de l'ambition des hommes. Ou de leurs rêves, justifiant que le cartographe se fasse souvent artiste, l'imaginaire venant alors au secours d'une incertaine réalité.

    Si l'histoire se lit dans les cartes, il est aussi des histoires de cartes, inventées parfois par le romancier, mais parfois par l'historien ou le géographe, se faisant faussaire pour des motifs étrangers à son art. 

     Il est aussi question de voyages, qui souvent procèdent des repérages proposés par la cartographie, en même temps qu'ils nourrissent, par des tracés nouveaux ou plus précis, les progrès du savoir géographique. L'histoire des découvertes géographiques compte cependant de nombreuses relations imaginaires, ou dont l'authenticité reste en question. Certains de ces mystérieux récits seront ici, à nouveau interrogés. 

      Cartes marines anciennes et voyages de découverte sont revisités dans les romans et études de Jacques Roger Vauclin.

 

 

      ROMANS                                       Les liens renvoient à des présentations plus détaillées

               

    Les voyages de Suleimane raconte l'histoire de la carte attribuée à Marco Polo, où se voit le détroit censé avoir été découvert par Vitus Béring, au-delà duquel débute l'Amérique, qui aurait été alors aperçue bien avant Christophe Colomb. 

      Ivoire et malaguete répond à la question de savoir si, comme le prétend un certain roman français, des marins dieppois ont abordé les côtes de Guinée dès la deuxième moitié du XIV° siècle, soit un siècle avant leurs découvreurs officiels européens, les Portugais. La légende, en fait, est née beaucoup plus tard, quelques décennies après que soient apparues sur les cartes d'Afrique, vers 1630, les mentions d'un Petit Dieppe ou d'un Petit Paris. Le roman rappelle que les Portugais n'ont été à coup sûr précédés par des Français sur des côtes africaines qu'à la faveur de la conquête des Iles Canaries par le Normand Jean de Béthencourt, qui a atteint le cap Bojador dès 1405. De là, bien entendu, pouvaient s'opérer certaines pérégrinations à l'intérieur de l'Afrique, notamment celle de Sylvain Paluel, héros normand d'Ivoire et malaguete.

     Avec Le Trésor de la Désirade, la cartographie s'intéresse au nouveau monde. Le roman raconte l'alliance, aux débuts de la conquête des Amériques, entre trois figures marquantes de ces temps de choc des mondes : un indien caraïbe, un corsaire normand et un esclave africain ; rassemblés par une opposition commune à l’ordre injuste que voulaient établir les conquérants espagnols dans les terres nouvellement découvertes. On y aperçoit les premières cartes manuscrites des îles Canibales ou du littoral brésilien, dressées par les marins de l'armateur dieppois Jean Ango.   

     Comme il n'est pas de trésor sans carte, celle qui mène aux joyaux enfouis sur le plateau de la Désirade est retrouvée dans Les violons créolesUn roman qui a pour cadre, à la fois grandiose et tragique, les années qui, au tournant des XVIII° et XIX° siècles, ont été aux Antilles, celles de l'épopée de Toussaint Louverture à Saint-Domingue, de la première abolition de l'esclavage suivie de son rétablissement par Napoléon Bonaparte, de la guillotine et des corsaires de Victor Hughes, puis du sacrifice de Delgrès et d'Ignace, en Guadeloupe. 

     Le roman La Grande Barrière est en rapport avec les productions cartographiques qui ont fait la célébrité de l’École de Dieppe, dans la première moitié du XVI° siècle, et qui montraient, avec le Canada de Jacques Cartier, les contours d'une vaste terre où beaucoup, par la suite, ont reconnu l'Australie.  

     L'étoile des sept mers débute par la remise au cosmographe vénitien Ramusio du Voyage d'un grand navigateur du port de Dieppe en France, point de départ d'une itinérance maritime et philosophique de son auteur, spectateur affligé des guerres de religion, en quête des moyens conduisant à la paix civile et religieuse.

      Les premières pages de L'énigme du Roi-Soleil évoquent la mappemonde du jésuite Matteo Ricci, où la Chine est au centre, et non plus reléguée près des bordures orientales comme il est généralement de mise sur les cartes du monde faites par les Européens. Le roman, qui raconte pourquoi Louis XIV a choisi l'astre solaire pour emblème, fait ensuite une large place aux représentations du ciel, celle des cartographes et des peintres, acquis, ou pas encore, aux idées de Copernic et de Galilée, ou celle d'un Kepler, imaginant notre Lune abritant montagnes, villes et habitants.   

  

      ÉTUDES du site

       

     Les dessins souvent mystérieux des cosmographes sont discutés dans la rubrique Questions de cartes, cartes en question.

    La rubrique Voyages en question apporte des compléments aux débats engagés à propos de périples dont l'authenticité n'a pas été admise de tous.    

 

     QUESTIONS DE CARTES, CARTES EN QUESTION

 

    Le débat est ouvert avec une interrogation sur l'origine d'un nom de lieu à la Martinique,  qui nous conduira aux sources de Macabou

      Suit un nouvel examen des mystères du détroit d'Anian.

     Puis un point de vue sur l'exact emplacement du mythique cap Bojador, au delà duquel s'ouvrait, selon les marins portugais d'avant Eanes, la "mer des ténèbres".

      Dans leur avancée au long des côtes africaines, les Portugais rencontraient, en 1445, une "rivière de l'Or". S'agissait-il du "riu delor" évoqué dans l'Atlas Catalan confectionné en 1375 par le majorquin Cresques ? Il semble bien, en fait, que les cartographes de Majorque connaissaient le fleuve Sénégal avant qu'il ne soit abordé par les Portugais de l'infant Henri.

     Une étude plus importante est consacrée aux diverses appellations qui, au cours de l'histoire, ont été données aux îles des Antilles : îles Canibales, îles Caribes, îles Camercanes, îles Antilles et autres îles du vent et sous le vent.

    Une autre étude concerne la place occupée par la représentation des Indiens caraïbes dans la cartographie des Petites Antilles : La destinée des Indiens caraïbes dans les cartes marines anciennes. Elle est complétée par une notice retraçant le parcours de ceux qu'on appelait au XVIII° siècle les "Caraïbes noirs", évoqués dans le roman Les violons créoles : Des Caraïbes noirs aux Garifuna.

      La cartographie française s'est illustrée au XVI° siècle à travers les œuvres de ce qu'on a appelé  l'École dieppoise, qui a notamment représenté le Canada avec les connaissances nouvelles issues des voyages de Jacques Cartier. Un développement est ici consacré au Labrador, tel qu'il était montré, de différentes façons, sur les cartes dieppoises.

     Les cartes manuscrites dieppoises du XVI° siècle sont surtout célèbres en ce qu'elles montrent, au sud de Java, une masse terrestre où beaucoup reconnaissent aujourd'hui l'Australie, qui aurait été ainsi approchée par des navigateurs européens avant les découvertes officielles par les Néerlandais au XVII° siècle, puis les Anglais au XVIII° siècle. L'identification de côtes australiennes sur les cartes de Dieppe est usuellement assortie de l'affirmation selon laquelle ces cartes feraient rapport de découvertes effectuées, non par des Normands, mais par les Portugais, présents en mer des Indes depuis Vasco de Gama. L'étude intitulée L'Australie sur les cartes dieppoises : une approche française, soulève l'hypothèse d'une contribution qui ne se résumerait pas à une simple transposition. 

    Les mêmes cartes sont souvent oubliées dans les présentations de la cartographie ancienne des Amériques en général, et des Antilles en particulier. La brève étude consacrée aux Antilles sur les cartes dieppoises du XVI° siècle vise à attirer l'attention sur les apports de ces manuscrits à l'histoire de la géographie antillaise.

     Les cartographes dieppois, par ailleurs, ont contribué à enrichir le mythe des géants en rappelant comment les Espagnols en ont rencontré en Patagonie, tout en identifiant leur présence dans une île de la mer des Indes orientales. 

 

     VOYAGES EN QUESTION 

     

     Le voyage de Gonneville, la part d'inconnu. Cette étude interroge la relation du voyage aux Terres Australes, à moins que ce soit au Brésil, qu'aurait accompli au tout début du XVIème siècle le capitaine de Gonneville, et dont la première évocation apparaît plus d'un siècle et demi après, sous la plume d'un chanoine de Lisieux, Jean Paulmier de Courtonne. 

     Les voyages d'Alfonse de Saintonge et la cartographie dieppoise. Le capitaine Alfonse était assurément l'un des navigateurs les plus expérimentés de la première moitié du XVIème siècle. Il a transmis son savoir dans plusieurs ouvrages de géographie. Peut-être n'a-t-il pas exploré autant de lieux qu'il l'affirme, mais ses ouvrages offrent un complément utile, ici rapporté, aux enseignements fournis par les cartes manuscrites de Dieppe, notamment en ce qui concerne la Grande Jave où l'on reconnaît volontiers une partie de l'Australie d'aujourd'hui. 

 

Jacques-Roger Vauclin


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Llévame a pasear por el mundo anchuroso

 

Carlos Guzman, 2010